Retranscription intégrale de l'allocution de Charles Blé Goudé , leader de la jeunesse, digne fils de Laurent et Simone Gbagbo, combattant aux mains nues qui porte l'espoir d'une Afrique vraiment libre et indépendante !
Allocution de Blé GOUDE du jeudi 02 octobre 2014 dans le cadre de l’allocution de clôture de l’audience de confirmation/infirmation des charges qui pèse contre lui devant la CPI
Sur la vidéo dont le lien figure ci-dessus, Blé GOUDE commence à parler à 5’10 (5 minutes et 10 secondes)
Mme la Présidente, Mesdames les Juges, Honorables membres de la Cour, je voudrais vous adresser mes salutations les plus sincères et les plus respectueuses,
Vous savez, il arrive souvent que les circonstances de la vie et le chemin du destin vous conduise au carrefour où s’entrechoquent les événements qui participent à construire l’Histoire et qui font de nous des témoins privilégiés de ce que sera le Futur. C’est peut-être mon cas.
Mme la Juge, je me trouve ici à la Cour Pénale Internationale à un moment où –à tort ou à raison- une certaine opinion accuse cette Cour de servir d’instrument pour des règlements de compte politiques contre des leaders africains indociles qui seraient même déjà condamnés avant d’être jugés, ce qui mettrait à mal la crédibilité, l’impartialité, l’indépendance de cette prestigieuse institution. Vrai ou faux, Madame la Juge, je n’en sais absolument rien. Dans tous les cas, je suis déjà là et j’ai donc toute la latitude de me faire ma propre opinion à partir de ce que ce célèbre philosophe Edgar MORIN a appelé « l’intelligence expériencée », c’est-à-dire à partir de ce que je vais entendre, de ce que je vais voir dans cette Cour.
7’23
Mais rassurez vous, la liberté n’ayant pas besoin d’espace pour s’exprimer, Madame la Présidente, c’est sans appréhension aucune, sans préjugé aucun, mais avec une confiance totale en cette Cour de Justice que je me retrouve devant vous ce 2 octobre 2002, 2014 pardon, pour que soit située ma responsabilité dans la crise qui a endeuillé mon pays.
8’
2 octobre 2002 - 2 octobre 2014, cela fait exactement 12 ans que les Ivoiriens de toutes tendances confondues descendaient dans la rue les mains nues –même si le Procureur ne veut pas l’admettre, le fait est têtu en Histoire, c’était vraiment les mains nues- pour dire NON aux armes d’une opposition armée qui semait la désolation dans des familles, laissant sur la route qui les a conduit au pouvoir des orphelins, des veuves.
Madame la Présidente, c’est nous qui sommes descendus dans la rue pour dire non à ces armes en 2002 et –simple coïncidence ou signe du destin- mais c’est ce 2 octobre aujourd’hui que je me retrouve devant vous pour qu’on me traite d’assassin, de génocidaire, pour que je sois jugé de crimes contre l’Humanité.
Madame la Présidente, j’ai des précisions à faire, j’ai beaucoup de précisions à faire, parce que cela fait plusieurs jours que je suis assis ici à écouter-ce n’est pas facile- mais il faut l’admettre, ainsi va la vie.
Donc avoir l’Eternel des Armées est un crime contre l’Humanité ? C’est pourquoi on m’a emmené ici ?
9’40
Ma première précision est la suivante : j’ai écouté ici le premier jour l’accusation dire « Blé GOUDE a dit qu’il a l’Eternel des Armées ». Madame la Présidente, vraiment c’est ici à La Haye que je suis en train d’apprendre beaucoup de choses. Donc avoir l’Eternel des Armées est un crime contre l’Humanité ? Mais je ne savais pas ! Au fronton du fameux et célèbre psaume 23 : « L’Eternel est mon Berger ; je ne crains aucun mal ». Ce n’est pas de moi ; c’est dans un livre saint. C’est pourquoi on m’a emmené ici ? Donc tout ça pour ça !
Deuxième précision Madame la Présidente : j’ai entendu le Procureur dire « depuis la prise de pouvoir de Gbagbo en 2000, il avait un seul projet : comment se maintenir au pouvoir par tous les moyens y compris la force ». Non, non, non, non, non, non, non, je suis assis ici et ce n’est pas vrai. C’est le contraire qui est vrai et je vais vous expliquer. On ne peut pas tronquer l’Histoire de la Côte d’Ivoire devant moi. C’est Alassane OUATTARA qui depuis la prise de pouvoir de GBAGBO en 2000 voulait arriver au pouvoir par tous les moyens et moi j’ai la preuve de ce que je dis. Près de 4 tentatives de coup d’Etat de 2000 jusqu’à ce qu’on arrive en 2002 où GBAGBO Laurent devait être reçu par le Pape. Le pape reçoit-il des assassins ?
11’22
Madame la Présidente, ce n’est donc pas vrai ce qu’on vous raconte. J’ai voulu faire cette précision puisque dans cette Cour où j’attendais à ce qu’on me juge pour des crimes contre l’Humanité, Mme la Présidente. On est venu faire le procès de mes rapports avec le Président GBAGBO. Mais si on doit envoyer ici à la Cour tous ceux qui fréquentent GBAGBO Laurent, les cellules de la CPI sont pas nombreuses hein… Hamed BAKAYOKO, il fréquente GBAGBO Laurent (actuel Ministre de l’Intérieur d’Alassane OUATTARA). Et ce n’est pas l’expert indépendant qu’on a présenté -dont je parlerai tout à l’heure- ZORO BI Epiphane qui dira le contraire. Guillaume SORO, actuel Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire qui a été premier Ministre de GBAGBO Laurent, qui a été premier Ministre d’Alassane OUATTARA et qui a été allaité au sein politique de GBAGBO Laurent fréquentait GBAGBO Laurent peut-être même plus que moi. Et pourquoi il n’est pas ici ? Blé GUIRAO, membre de l’UDPCI, parti allié à Alassane OUATTARA fréquentait GBAGBO Laurent. Pourquoi il n’est pas ici ? Mais si je dois citer la liste, Madame la Présidente, de tous ceux qui fréquentent GBAGBO Laurent, le livre qui a été trouvé d’après eux à la Résidence de GBAGBO et qui contient ses visiteurs, mais on va faire beaucoup de Tomes. Parce que c’est pas suffisant. GBAGBO Laurent est connu en Côte d’Ivoire comme un homme qui a la main ouverte, qui a le cœur bon. Même ses opposants les plus farouches le fréquentent. J’étais à LA HAYE samedi quand il recevait Alassane OUATTARA. Pourquoi il n’est pas ici puisque lui aussi il le fréquente ?
13’02
Madame la Présidente, j’ai entendu trop d’énormités ici. Et croyez-moi en tant que jeune, je suis un peu troublé. De par tout ce que j’ai appris à l’école, on veut renverser tout cela en moi. Mais non-non-non, je vais garder mon calme. On a dit ici Blé GOUDE a accusé Alassane OUATTARA d’être un farceur ; Blé GOUDE a pris un matelas pour aller faire une grève de la faim devant l’ambassade de France.
Madame la Présidente, est-ce qu’il y a une action plus pacifique qu’une grève de la faim ? Pourquoi on célèbre alors le Mahatma GANDHI ? J’ai fait une grève de la faim avec un matelas. C’est pour ça on m’a emmené ici ? J’ai dit que Monsieur Alassane OUATTARA est un farceur. Mais Madame, nous sommes en campagne ! Quand Nicolas SARKOZY critique les actions de HOLLANDE et vice versa, pourquoi ils ne sont pas ici ? Pendant la campagne ce qui se passe Madame la Présidente, c’est qu’on critique les actions de chaque adversaire. Alors est-ce qu’il y a un article dans le statut de ROME qui qualifie ce fait –le fait qu’un adversaire politique traite son adversaire de farceur- est-ce qu’il y a un article dans le statut de ROME qui nous convoque ici et pour lequel on doit nous punir ? Est-ce qu’il y a un article-dites-moi- qui demande qu’on condamne ceux qui prennent un matelas pour faire la grève de la faim ? Dites-moi je veux savoir. Mon âme souffre, mon âme pleure. Je veux savoir : pourquoi vous m’avez amené ici ? Pour faire le procès d’une casquette noire : « Il portait une casquette noire. Ca veut dire que c’est un code ». Mais respectez la Cour Pénale Internationale, tu vas faire le procès d’une casquette Noire ? Un leader par un TS, par un habillement, Madame la Présidente, peut attirer ses partisans. C’est pour ça qu’on m’a amené ici ?
15’03
Oui il est arrivé à 19h05, MANGOU est arrivé à 19h10, donc ils sont allés faire le plan commun. C’est quoi ça ? Je regrette que Mme BENSOUDA ne soit pas là. Avec tout le respect que je lui dois, elle qui a été Ministre de la Justice du Président Yahya JAMMEH. Elle sait très bien comment les réceptions se font à la Présidence. Dans une salle d’attente, vous pouvez trouver plusieurs personnes qui sont là à la même heure. Cela ne veut pas dire qu’ils sont venus faire un plan commun. Même dans le bureau d’un simple Maire d’une Commune, vous pouvez trouver dans la salle d’attente plusieurs personnes qui arrivent à la même heure. Mais ils ne sont pas venus pour faire un plan commun. Mme la Présidente, je suis vraiment choqué ; je suis vraiment ahuri et je n’ai pas fini !
15’57
« Blé GOUDE adit, il faut chercher tous les pro-OUATTARA à ABIDJAN et dans toute la CÔTE D’IVOIRE pour les tuer.» Je voudrais demander Madame la Présidente avec votre aide à l’accusation, est-ce une citation ou un commentaire ? Si c’est une citation, qu’on vous dise quand, où j’ai dit cela. Si c’est un commentaire, c’est un commentaire dangereux. Parce que depuis que je suis assis ici, j’entends : « Blé GOUDE a fait un discours de la haine. » Dites-moi, de toutes les vidéos qui ont été présentées ici, quelle est la seule vidéo ou quel est le seul son qu’on a entendu ici où je suis en train de demander à des Musulmans…à des Chrétiens d’aller tuer des Musulmans, où je suis en train d’aller demander à une ethnie d’aller tuer une autre ethnie. Je me demande encore pourquoi on m’a envoyé ici ! Ce sont des commentaires : « Il distille la haine ». Où sont les vidéos de la haine ? Je n’ai pas encore vu. Où je sois en train de dire aux jeunes Patriotes :« allez levez-vous. Allez tuer les pro-OUATTARA. » Où j’ai dit ça ? Je n’ai pas encore vu ! On me montre des photographies : « oui il était avec Méa » ; « il était avec Zéguen », donc ils font un plan commun. Pour tout le respect que je vous dois, c’est vrai, moi j’appelle à un meeting. Les gens viennent y assister. Excusez-moi je suis un peu poli. Je ne chasse pas des gens à des meetings. Ce n’est pas une salle où l’on contrôle les entrées et les sorties. C’est un lieu public, vous voyez ? J’ai été éduqué et je ne vais pas chasser des gens d’une salle, vous voyez Madame ?
17’44
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KKB après son agression : http://news.abidjan.net/h/427666.html |
« Blé GOUDE est celui par qui la violence est arrivée en Côte d’Ivoire. » Madame la Présidente, je voulais juste vous rappeler un petit fait qu’on peut juger anodin, mais un fait majeur : j’étais en exil au GHANA du fait de cette crise quand il y a eu les élections législatives en CÔTE D’IVOIRE. Le camp duquel je me réclame n’était pas du tout candidat. C’était le RDR d’Alassane OUATTARA et le PDCI-RDA d’Henri Konan BEDIE qui s’affrontaient aux élections législatives, c’est-à-dire 2 partis alliés. Et KKB qu’on appelle Kouadou Konan Bertin qui est le Président de la Jeunesse du parti allié de OUATTARA le PDCI-RDA est allé battre campagne pour le candidat du parti allié de OUATTARA à BONON une localité de la CÔTE D’IVOIRE. Madame la Présidente, KKB a été passé à tabac, battu à sang. Moi j’étais en exil, moi qu’on dit être celui qui est violent. Entre partis alliés, je vous demande pardon Madame la Présidente, que l’on oriente les regards là où il y a la vraie violence. Qui a introduit la violence politique en Côte d’Ivoire ? C’est une question à laquelle on doit répondre. Je vous en prie, soignons la fièvre et évitons de chercher à casser le thermomètre. Réclamons les dents de la panthère à celui qui a consommé la tête. Madame la Présidente, ce n’est pas moi qui ai envoyé la violence en CÔTE D’IVOIRE.
Qui a introduit la violence politique en Côte d’Ivoire ?
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Qui a introduit la violence politique en Côte d’Ivoire ?

19’16

Martin Luther KING dont on parle, on lui jetait les chiens dessus pour que les chiens le morde, le traitant de tous les noms. Mais pourtant l’ONU le célèbre aujourd’hui. Vous allez me condamner certainement aujourd’hui je ne sais pas. Un jour, l’Histoire m’acquittera ! Je ne suis pas le criminel qu’on veut vous présenter.
20’27
Madame la Présidente, pour vous dire, Madame, pour le respect de la mémoire des victimes décédées ; pour panser les meurtrissures physiques et morales des victimes blessées ; pour apaiser la douleur de leurs familles, il aurait fallu, il aurait été même salutaire que la responsabilité de tous les acteurs principaux dans la crise qui a endeuillé la CÔTE D’IVOIRE soit située, cette responsabilité. Hélas, quand j’ai fini d’écouter le Procureur qui dit -et je cite : « Blé GOUDE par son art oratoire veut imputer la responsabilité de la crise au camp OUATTARA ». C’est clair, je n’ai plus d’illusion à me faire. Donc quand on dit, on va poursuivre plus tard les autres, non on n’est pas dupe. C’est très clair, mais les Ivoiriens croyez-moi ne vont pas désespérer de la CÔTE D’IVOIRE, madame, car ils savent que qui n’a jamais été mis à l’épreuve ne sait rien de la vie. Ils le savent.
21’47
Moi, j’avais espéré que cette audience serait l’occasion rêvée pour l’accusation de me confondre afin que se taisent les allégations dans un silence sans gloire, pour que restitués dans leur contexte, les faits s’expriment loin des campagnes médiatiques de diabolisation planifiées par mes adversaires, loin aussi des rapports des ONG, ou de certaines ONG pour ne pas toutes les accuser, dont les rapports contrastent souvent avec la vérité. Ces ONG qui aujourd’hui souvent sont devenues muettes comme des carpes face à la torture que sont en train de subir en ce moment des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Ces ONG qui ont fermé les yeux sur les des domiciles privés réquisitionnés dans lesquels on torture les Ivoiriens. Madame la Présidente, j’en ai fait moi-même l’expérience. Pendant 14 mois, j’étais détenu dans une cuisine. J’ai été enchaîné pendant 2 semaines par ceux qui sont au pouvoir dont on parle aujourd’hui. Il pleuvait sur moi. On me frappait. Et pourtant on faisait croire aux Ivoiriens que j’étais traité comme un Prytanée.
[NDLR : Lien vers un article qui parle des mauvais tortures de Blé GOUDE tandis que le Régime liberticide de OUATTARA prétend qu'il est bien traité :
23’08
Madame la Présidente, j’ignore quand prendra fin et comment prendra fin la procédure qui a été ouverte contre moi. Mais, Madame, elle nous donne au moins la possibilité, le Procureur et moi de nous trouver face à face pour que nous nous parlions, preuve contre preuve, je ne parle pas des commentaires. Qu’on me sorte les vidéos où j’ai dit à des Ivoiriens d’aller tuer d’autres Ivoiriens. Je veux savoir. Qu’on me sorte les vidéos où j’ai dit aux Chrétiens d’aller tuer les Musulmans. Qu’on me sorte les vidéos où j’ai dit aux Ivoiriens : "cherchez tous les partisans de OUATTARA et aller les tuer pour que GBAGBO soit Président". Madame la Présidente, ce n’est pas vrai ; ce n’est pas vrai, mais je comprends, je comprends. Je comprends surtout Madame MASSIDA –Et mon Conseil Maître NDRI n’a pas eu tort de dire qu’elle avait été induite en erreur. C’est vrai. Parce qu’ici à l’ouverture on vous a présenté un expert indépendant, un juriste indépendant. Madame, la Cour Pénale Internationale, c’est notre Cour, c’est notre Cour de Justice à nous tous. Il n’y a pas les bons et les mauvais. Il n’y a pas les gentils et les méchants. Quand on vient ici, qu’on dit que les gens sont indépendants, il faut que cela soit prouvé. Parce que c’est le monde entier qui nous regarde. Et cette Cour doit être respectée. Quand on prête serment pour dire qu’on est indépendant, on doit être vraiment indépendant. Suivez mon regard Madame la Présidente. ZORO BI Epiphane qu’on a présenté ici comme un indépendant, Madame, à un meeting ouvert du parti de OUATTARA, il a montré sa carte de militant du parti d’Alassane OUATTARA. Il a même tenté d’être candidat sous la bannière du parti de OUATTARA à SINFRA sa ville. Est-ce que quand on est militant d’un parti politique, on peut être indépendant ?Est-ce que quand on a pris la carte de militant d’un parti politique –parce que dans un parti politique, il y a ce qu’on appelle la discipline du parti où on reçoit les ordres de son président. Madame la Présidente, mais c’est à ce parti là que je suis opposé. Quels conseils il peut donner –parce que c’est ce qu’on appelle les personnes ressources- je considère que MASSIDA ne connaît pas la CÔTE D’IVOIRE. Donc quand elle arrive, elle a besoin d’une personne ressource qui peut la guider. Mais si la personne ressource elle-même est déjà, a déjà un parti pris, on ne peut avoir que de tels résultats.
25’48

Je voulais faire cette précision là Madame la Présidente pour vous dire que beaucoup a été dit. Beaucoup a été dit sur moi Madame la Présidente. Et à ce stade de mon propos, moi je pose une question : quand j’ai fini d’écouter le Procureur, je me rends compte que mon arrivée ici est le résultat d’une loterie judiciaire. Malheureusement le Procureur a parié sur le mauvais cheval. Et moi je me pose une question : quel monde voulons-nous bâtir ? Pour nous qui écoutons la Justice, un monde où il nous faut seulement apprendre à gagner sans avoir raison Comme le disait Cheikh Hamidou KANE dans son célèbre roman« l’aventure ambigüe » ? Sommes-nous dans un monde ambigu ? Je veux savoir Madame la Présidente. Or ce qui fait la grandeur d’un peuple Madame, ce qui fait la grandeur d’un peuple, c’est de défendre les valeurs qui le fondent. Moi, j’y ai cru hier, j’y crois encore et j’y croirai toujours ! Et la Procureur ou le Procureur devrait porter haut ces valeurs. Pour ne pas que les justiciables désespèrent de la Justice. Surtout pas de la Justice Internationale. Parce qu’elle a la lourde responsabilité de faire en sorte que ce monde que nous vivons ne soit pas une jungle où les plus forts qui ont les carnets d’adresse écrasent les plus faibles et transforment le tort en raison et vice versa.
27’20
Madame, ces questions là, ça me vient en tête. Et si j’ai bien entendu le Procureur lors de son discours d’ouverture et je cite :« ce procès n’est pas un procès politique. Nous voulons envoyer un message fort à tous ceux qui par la voie de la force veulent conserver le pouvoir ou prendre le pouvoir par la force. » C’est ce que le Procureur a dit. Mais Madame, le procureur ne dit rien de différent de ce que j’ai dit depuis plus de 10 ans. Madame, c’est moi qui ai dit aux rebelles, c’est moi qui ai dit aux partisans de OUATTARA -qui ont érigé la violence en programme politique- qu’on entre pas en politique avec des armes. On entre en politique avec une trilogie : l’idéologie politique, le programme de gouvernement et un projet de société pour être ce qu’on appelle défi en politique, c’est-à-dire améliorer la vie de ses concitoyens. C’est moi qui l’ai dit. Donc le Procureur et moi, on devrait vraiment faire un. Alors je conclus que le Procureur me poursuit à tort.
28’37
Madame la Présidente, je voudrais vous dire qu’il est légitime d’avoir des ambitions. Mais vouloir les réaliser sur les cendres de la vie des autres, c’est malsain. Et mon cœur pleure encore Madame. Par ma voix, des millions d’Africains vous regardent et comptent sur vous pour ne pas permettre à des individus de se servir de cette Cour pour réaliser des ambitions qui peuvent entâcher l’image de notre Cour. Parce que c’est notre Cour. Moi j’ai beaucoup de respect pour cette Cour.
29’14
Madame, suivez-moi très bien, des témoins triés sur le volet m’accusent moi d’avoir recruté des mercenaires, d’avoir distribué des armes. Comme ce témoin qui déclare et je cite : « J’ai vu Blé GOUDE à la TV brandissant une Kalachnikov, mais comme il était de dos, je ne l’ai pas bien reconnu. Mais c’est lui ». Je n’ai pas fini. Y a un autre qui déclare et je cite : « j’ai vu une colonne de 4X4 » –et le Procureur l’a dit hier- «qui est rentré au Commissariat du XVIème arrondissement. C’est Blé GOUDE. Je ne l’ai pas vu, mais comme les gens criaient « Général, Général", donc je dis que c’est lui.» C’est quoi ça ? Je n’ai pas encore fini Madame. Au stade Jessy Jackson de YOPOUGON, quand nous jouons au ballon dans notre équipe de football Solidarité Maracana club de YOPOUGON, pour célébrer un but – remarquez que j’étais leur buteur et leur meilleur buteur entre parenthèses pour digresser un peu- on utilisait l’expression « Y’a rien en face, c’est maïs » comme la vidéo peut le montrer. C’est une expression sportive. Je demande qu’on montre la vidéo, SVP. La vidéo est publique. Je voudrais qu’on montre la vidéo. Vous n’avez pas montré ou tout le monde n’a pas vu ? Faut montrer cette vidéo, j’y tiens. Madame la Présidente, sur ce terrain, il n’y avait pas de partisans de OUATTARA. Il n’y avait pas d’élections. On jouait au ballon. C’est comme ça. Et c’est cette expression que j’ai utilisée lors de la campagne électorale pour agrémenter l’ambiance de la campagne électorale comme pour dire que l’élection aussi peut être un jeu. Mais j’ai été surpris que le pouvoir d’ABIDJAN et le Procureur instrumentalisent des témoins interprétant comme ma volonté pour dire qu’excepté le Président Laurent GBAGBO, il n’y a pas d’autre candidat. Et que pour eux, « Y’a rien en face » signifierait que nous avons prémédité de ne jamais reconnaître une défaite. Et que « c’est maïs » signifierait que nous allons tuer et manger les pro-OUATTARA. Quelle imagination négativement fertile ! Cette interprétation Madame la Juge, je la juge erronée, étriquée. Elle est le fruit -j’allais dire -d’une gymnastique judiciaire. Elle me semble partiale, parcellaire, donc partiale.
pourquoi l'accusation refuse-t-elle de réclamer les dents de la panthère à celui qui a coupé la tête ?
32’53
Madame la Présidente, je vous ai cité 3 déclarations. Voilà les déclarations aussi calomnieuses que ridicules sur lesquelles se base l’accusation pour me traiter de chef milicien. Mais je pose une question. L’accusation cherche-t-elle vraiment les miliciens et leurs chefs ? Ils ne se sont jamais cachés à ABIDJAN. Et leurs chefs se sont toujours réclamés comme tels par presse interposée. Et c’est public ! Madame la Présidente, à y voir de près dans cette histoire, la seule difficulté, c’est que le Procureur cherche à fabriquer des miliciens. Disons plus simplement qu’elle cherche seulement à faire de moi ce qu’elle aurait souhaité que je sois. Ce que je ne suis pas et que je ne serai jamais. Alors pourquoi refuse-t-elle de réclamer les dents de la panthère à celui qui a coupé la tête ? Pourquoi ? Parce que moi Blé GOUDE, depuis l’Université d’ABIDJAN à l’Université de MANCHESTER, je n’ai jamais fréquenté aucune université où on enseigne les gens à devenir miliciens. J’ai été formé par mes maîtres que je remercie ici pour devenir consultant en communication politique. C’est ce que je suis. Et depuis que je suis au Lycée, j’ai décidé de faire la politique. Pas pour tuer des gens, mais je prendrai mon temps. Alors Madame la Présidente, il serait indiqué de demander à la Procureure de chercher les miliciens ailleurs. Ils sont à ABIDJAN. Vous savez ce que ça cette histoire me rappelle Madame la Présidente : en 1988, mon pays a joué contre un pays qu’on appelait le MAROC, et on avait un joueur qui marquait beaucoup de buts qui s’appelait « Guédé BAHINAS ». Mais le défenseur a fait une faute dans la défense là-bas. On a vu l’arbitre traverser tout le stade avec un carton rouge pour aller trouver GUEDE GBA là-bas à l’attaque pour lui donner le carton rouge alors qu’il n’a rien à voir avec la faute. Mais c’est dans ça que nous sommes. Il y a des gens qui disent que eux ils sont les chefs miliciens, que Blé GOUDE n’est pas leur leader. Et le Procureur dit : « non ce n’est pas vrai, c’est Blé GOUDE ». Mais pourquoi ? Pourquoi veut-elle forcément faire de moi ce que je ne suis pas ? Pourquoi ? Pourquoi elle m’a envoyé ici ? Pourquoi ?
«Je préfère être faible parmi des êtres vivants que d’être fort parmi des corps sans vie »
35’25
Madame la Présidente, je voudrais entériner qu’on passe ou qu’on veut passer par des voies peu orthodoxes pour me tailler une structure ou m’attribuer une casquette qui est aux antipodes de la philosophie qui a fondé mon entrée en politique. Est-ce qu’on peut me citer une seule vidéo où lors d’un meeting il y a eu des morts, où lors d’un meeting, j’ai lâché mes chiens méchants contre les autres ? Jamais, je me suis toujours interposé pour rapprocher les Ivoiriens Madame. Je n’ai fait que ce travail. L’Histoire de mon pays est trop récente Madame la Présidente, L’Histoire de mon pays est trop récente Madame la Présidente, et ceux qui tentent de la falsifier en lui tordant le cou se livrent à un exercice au succès peu probable. Madame la Présidente, comme je ne veux pas être la honte de ma génération et que je refuse qu’on me jette dans la poubelle de l’Histoire, je voudrais apporter un peu de fraîcheur à la mémoire collective que tente d’effacer ceux que j’appelle les contrebandiers des faits. Car c’est comme ça qu’on doit les appeler. Et je voudrais qu’on m’écoute avec l’attention qui sied, puisque c’est la seule occasion pour que je puisse au moins me défendre. La crise ivoirienne, Madame la Présidente a opposé 2 camps. Le camp de ceux qui ont pris les armes pour déstabiliser les institutions de la République pour des raisons qu’ils expliqueront certainement le jour où il plaira au Bureau du Procureur de les convoquer devant cette Cour je l’espère, et puis de l’autre côté, les forces de défense et de sécurité qui sont restées loyalistes à la République. Voilà les deux forces belligérantes. Moi j’étais à MANCHESTER, très loin, à des milliers de kms. Et il y a eu la population civile qui est descendue dans la rue les mains nues pour dire non aux armes.
Madame la Présidente, c’est de cette troisième tendance que je me réclame avec des manifestations aux mains nues. Je l’ai fait librement. Non par stratégie. Non par faiblesse, mais par principe et par culture démocratique. Parce que je reste convaincu Madame la Présidente que les armes et la guerre sont les ennemies de la Paix dans le monde. Je considère la rébellion armée comme la pire des expressions. C’est pourquoi, fidèle à ma philosophie politique pacifiste, connue de tous les Ivoiriens sauf le Procureur, je n’ai jamais possédé d’arme, ni à titre individuel, ni à titre collectif. Alors Madame, par quelle alchimie pourrais-je réussir à distribuer ce que je ne possède pas ? Par quelle alchimie ? Jamais Madame, je n’ai distribué d’armes à des citoyens pour aller tuer d’autres citoyens.
Madame souvent il y a des gens qui me traitaient de faiblard, de faiblard qui a peur de la guerre. Je leur ai souvent dit : « oui, je n’ai pas honte de dire que j’ai peur de la guerre ». Parce que la guerre fait peur. La guerre détruit des familles. Je leur ai dit : « je préfère être faible parmi des êtres vivants que d’être fort parmi des corps sans vie ». C’est ce que j’ai souvent dit.
39’03
Madame la Présidente : « convaincre et non vaincre ! »tel est mon crédo. C’est pourquoi je partais dormir derrière les rebelles, pour les convaincre de venir, on va se réconcilier. C’est ce que j’ai fait. Et on se moquait de moi. On m’appelait « l’ami des rebelles ». Mais je le faisais pour mon pays, Madame la Présidente, pas pour que GBAGBO reste au pouvoir ! Je le faisais pour ma génération, pour mon pays, c’est ce que j’ai fait Madame.
39’30
Pour moi, qu’on l’appelle Dieu, qu’on l’appelle Jéhovah, qu’on l’appelle « Niamgnakouli », qu’on l’appelle « kolokélo », qu’on l’appelle «Lago », pour moi nous prions tous le même Dieu. C’est pourquoi Madame la Présidente, ouvert et tolérant de par ma culture, j’ai toujours tenu à rendre visite à tous les Imams et à tous les Chrétiens dans toutes mes tournées politiques. J’ai même souvent réparé, réhabilité des mosquées dans lesquelles j’ai souvent fait des dons. Ca le Procureur l’a pas vu.
40’11
Madame la Présidente, dans ma maison, dans ma maison, sous mon toit, je vivais avec une Burkinabé. Puisqu’on dit que je suis contre les Burkinabés. Il ne suffit pas de le dire, il faut l’appliquer. Il faut le vivre. Je vivais avec une Burkinabé dans ma maison. Elle n’était pas ma servante ; elle n’était pas à mon service. Je la prenais comme ma petite sœur. Pour le respect que je lui dois, je ne vais pas dire ce que j’ai fait pour elle. Mais vraiment sa famille et moi, on est en contact. Et dans ma vie de tous les jours, dans ma vie, je suis avec ceux que le Procureur appelle « les Musulmans du Nord ». Mais qui est donc ce monsieur qui est contre les Musulmans, qui est contre les étrangers et qui vit avec eux, et il vit avec eux dans sa maison et qui les a dans sa vie ?
41’
Madame la Présidente, vous voyez : on m’accuse d’avoir incendié les lieux de culte des Musulmans. Ce n’est pas vrai. Et je voulais vous le rappeler : pour la paix dans mon pays, j’ai pris beaucoup de coups. J’ai pris beaucoup de coups Madame la Présidente pour la paix dans mon pays. Chaque fois –et je parle sous le regard des Ivoiriens, chaque fois que le processus de paix a prix du plomb dans l’aile, Madame, j’ai fait ce que j’ai pu. Je n’ai peut-être pas fait ce que l’on espérait de moi, mais je ne suis pas Dieu. J’ai fait ce que j’ai pu. J’ai pris des risques énormes jusqu’à aller dormir à BOUAKE ou personne ne pouvait aller parce que je voulais rassurer les Ivoiriens qu’on peut encore se parler. Je voulais convaincre l’adversaire qu’on pouvait encore défendre ce que l’on avait en commun, c’est-à-dire la Côte d’Ivoire.
41’58
Mais Madame, j’ai sacrifié ma jeunesse pour mon pays. J’ai sacrifié ma vie pour mon pays madame. Mes enfants n’ont pas pleinement bénéficié de l’amour que je voulais leur donner. Mais j’espère qu’ils me comprendront un jour. Parce que je veux leur léguer des valeurs. C’est pour eux et les enfants de leur âge que je me bats, pour que demain ils puissent vivre dans un monde meilleur, un monde où on ne transforme pas la raison en tort ou le tort en raison. C’est pourquoi je me bats Madame la Présidente. Même mes proches jusqu’aujourd’hui, les personnes qui m’aiment et que j’aime continuent de souffrir des conséquences de mon engagement. Ce pouvoir les traque. Les gens habitent toujours dans leurs maisons. Les gens leur ont arraché leur forêt. Mon village a été incendié. Ca aussi le Procureur ne l’a pas vu ! Mon père est mort pendant cette crise et je n’ai pas eu la chance Hélas de l’accompagner à sa dernière demeure. Le Procureur n’a pas vu ça. Le Procureur n’a pas vu ça ! Et c’est moi qu’il vient traiter ici de criminel pendant que les criminels sont, Madame, en liberté en train de narguer mes parents. Mais Madame, pendant que je parcourais hameau, ville, village pour convaincre les Ivoiriens à se pardonner les uns les autres, ceux avec qui je croyais parler de paix, ils préparaient la guerre en cachette. Je ne savais pas. Moi j’étais de bonne foi. J’ai été surpris, je ne savais pas.
43’48
Madame la Présidente, ils avaient érigé la violence en programme politique parce qu’ils voulaient le pouvoir à tous les prix. Pour vous dire Madame la Présidente que – vous voyez- les gens cherchent forcément à faire de moi ce que je ne suis pas. Mais l’ironie du sort dans tout ça, c’est moi : concepteur de la victoire par la Résistance aux mains nues. C’est moi qui suis devant vous aujourd’hui pour répondre de crimes contre l’Humanité pendant que ceux qui voulaient le pouvoir à tous les prix sont en liberté. Autant dire que c’est l’Hôpital qui se moque de la charité.
44’40
Madame la Juge, je vais peut-être vous surprendre, et je le dis vraiment je le pense, je vais peut-être vous surprendre –je voulais vous rassurer- moi, je ne cherche pas forcément à être libre. Vous pouvez noter. Moi je ne cherche pas forcément à être libre. La liberté, elle est dans l’esprit. Elle n’est pas dans le physique. Je cherche une seule chose Madame : la manifestation de la Vérité. Et j’y tiens Madame, seule la vérité pourra vous permettre de situer définitivement ma responsabilité. Parce que je ne veux pas qu’on me traite de criminel. Je me suis battu toute ma vie ; j’ai été emprisonné 9 fois par le pouvoir qui me poursuit aujourd’hui. Depuis que j’étais étudiant, je n’ai fait que faire la prison. Non contents de m’avoir mis en prison au niveau national, vous m’avez maintenant déporté ici. Mais pourquoi ? Pourquoi ils font ça ? Pourquoi ? Parce qu’ils connaissent des gens ? Ca n’est pas juste Madame…
45’41
…Ca n’est pas juste ! Ils ont un seul objectif qu’ils vous cachent : ils ont peur de faire une compétition politique avec moi. C’est tout. C’est ça qui est la vérité. Ils veulent se servir de cette Cour pour se débarrasser d’un adversaire politique. Ils nous ont triés sur le volet. Sinon les chefs de milices sont à ABIDJAN. Ils les connaissent. Le Procureur a un bureau à ABIDJAN. Donc ils ont tous les renseignements sur ABIDJAN. Mais pourquoi Blé GOUDE dans tous ces jeunes ? Pourquoi ? Je prends un matelas pour faire une grève de la faim : on m’amène ici pendant que ceux qui ont pris les armes sont au pouvoir et on leur déroule le tapis rouge ! Et c’est moi qu’on veut faire passer pour le Bourreau ! Mais pourquoi vous faites ça ? Pourquoi ? Et ils continuent toujours de me jeter la pierre. Moi je suis serein. Qu’ils continuent de me jeter la pierre ceux qui se croient innocents. Peut-être que j’en aurai besoin pour ériger mon piédestal en faisant éclater la vérité dans ce procès. C’est pourquoi j’ai dit que moi je suis en mission. Don moi je suis tranquille. Je ne cherche pas forcément à être libre.
Pour vous dire Madame la Présidente que, je voulais rappeler à Mme MASSIDA, les victimes du « Commando invisible », les victimes d’ANONKOUA KOUTE, ces populations sans défense, Madame, qui ont fui la mort pour aller se cacher dans des Eglises et dans des camps de réfugiés, mais que hélas la mort a rattrapées, imbibées d’essence, incendiées par le Commando invisible…
Le Procureur n’a pas encore vu ça ! A ABOBO, à ABIDJAN, c’est comme ça que les gens fuyaient à ABOBO pour aller vers YOPOUGON. Et c’est comme ça que les gens ont fait des barrages pour se protéger. On appelle ça l’instinct de conservation. Même les propres témoins du Procureur l’ont affirmé. Eux partisans de OUATTARA ont dit qu’ils ont érigé des barricades autour de la Mosquée de DOUKOURE pour se protéger. Donc ceux là répondaient aussi aux mots d’ordre de Blé GOUDE ? Demandez au Procureur !
Pour vous dire Madame la Présidente que, je voulais rappeler à Mme MASSIDA, les victimes du « Commando invisible », les victimes d’ANONKOUA KOUTE, ces populations sans défense, Madame, qui ont fui la mort pour aller se cacher dans des Eglises et dans des camps de réfugiés, mais que hélas la mort a rattrapées, imbibées d’essence, incendiées par le Commando invisible…
Le Procureur n’a pas encore vu ça ! A ABOBO, à ABIDJAN, c’est comme ça que les gens fuyaient à ABOBO pour aller vers YOPOUGON. Et c’est comme ça que les gens ont fait des barrages pour se protéger. On appelle ça l’instinct de conservation. Même les propres témoins du Procureur l’ont affirmé. Eux partisans de OUATTARA ont dit qu’ils ont érigé des barricades autour de la Mosquée de DOUKOURE pour se protéger. Donc ceux là répondaient aussi aux mots d’ordre de Blé GOUDE ? Demandez au Procureur !
47’48
Madame, moi je parle de toutes les victimes sans distinction. Parce que pour moi, la vie humaine est sacrée et un corps sans vie n’a pas de couleur politique, n’a pas d’ethnie, n’a pas de parti politique. Malheureusement, les représentants des victimes ont déjà choisi leurs victimes. Allez-y à ABIDJAN, pas à l’Hôtel Ivoire, pas au Pullman Hôtel, pas au Golf Hôtel, allez-y dans les confins de la Côte d’Ivoire, vous allez voir ! Près de 1000 Guéré ont été ensevelis dans une fosse commune.
Et les Droits de l’Homme dont vous citez les rapports ici, vous n’avez pas vu ces rapports ici ? Madame la Présidente, s’il a existé un plan commun en Côte d’Ivoire, moi, je n’en connais ni les concepteurs, ni les exécutants, j’ignore même les objectifs de ce plan. J’ai plutôt pris mon temps pour aller vers les victimes de la guerre, Madame. Pendant 3 mois, j’ai fait le tour de la Côte d’Ivoire. J’ai même aidé KEI Prisca, une jeune fille qui a été violée. Madame la Présidente, elle a été violée par les rebelles. Je l’ai faite transportée à l’Hôpital. J’ai organisé un « Fund Raising » pour qu’on lui construise une maison, moi l’assassin dont on parle ici, qu’on veut vous présenter.
[NDLR Liens vers des témoignages de victimes de la rébellion :
http://www.youtube.com/watch?v=6Ivp3jVtwQk&feature=related (victimes de guerre 1)
http://www.youtube.com/watch?v=Vvjnq3O7CCo&feature=related (victimes de guerre 2)
http://www.youtube.com/watch?v=0b93NoDReRs&feature=related (victimes de guerre 3)
http://www.youtube.com/watch?v=CuJIAKIYeY4&feature=related (victimes de guerre 4)
http://www.youtube.com/watch?v=7MjyDBuJpow&feature=related(victimes de guerre 5)
49’10
J’ai tenté de réconcilier les Ivoiriens Madame. C’est moi qui ai inventé cette expression : « La valeur du pardon réside dans la gravité de la faute pardonnée. », « La valeur du pardon réside dans la gravité de la faute pardonnée. » . Le Procureur n’a pas entendu ça. Dans toutes les chansons que j’ai faites enregistrer en Côte d’Ivoire pour rapprocher les Ivoiriens.
Madame la Présidente, voici exposé le plan commun que moi je connais. Madame, mais le Procureur ne pouvait pas évoquer ça puisque lui il veut présenter le Blé GOUDE assassin, génocidaire. Mais moi j’attends ici à la Cour ses témoins pour qu’avec eux au moins on parle de la CÔTE D’IVOIRE et de sa crise, pas de la CÔTE D’IVOIRE de l’Hôtel Ivoire, pas de la CÖTE D’IVOIRE d’Internet, mais de la CÔTE D’IVOIRE telle que la vive les concitoyens ivoiriens dans sa réalité globale pour qu’on puisse réconcilier les Ivoiriens. Parce que la CÔTE D’IVOIRE a besoin de ça. Et non de trier des leaders politiques dont on a peur pour les jeter ici.
50’14
Madame la Présidente, les discours de la haine, je vous demande pardon, envoyez-moi une seule vidéo – je ne dis pas deux- une seule vidéo où je suis en train d’inciter les gens à la haine. Quand je dis que le BURKINA FASO est à la base de la crise ivoirienne, ça ce n’est pas la haine. C’est un fait. Les rebelles même le reconnaissent. Ils ont été formés au BURKINA FASO. Et c’est de là qu’ils sont descendus sur la CÔTE D’IVOIRE. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est ce qu’on appelle les faits historiques. Quand on dit que HITLER a mis les juifs dans des camps de concentration, ça ce n’est pas la haine. Ce sont des faits historiques que l’on rappelle pour ne plus que ça se répète. Voilà Madame, donc je n’ai pas incité des gens à aller tuer des Burkinabé. Ce n’est pas vrai.
51’01
Madame la Présidente, au terme de mes précisions et je vais finir bientôt, vous comprendrez aisément que les allégations contre moi résistent peu à la rigueur du droit. Alors je trouve injuste que l’on veuille faire supporter à mes frêles épaules toute la lourde responsabilité de la crise qui a endeuillé mon pays. Madame, dans mon combat légitime de non violence, aucune goutte de sang ne criecontre moi. J’ai les mains pures Madame la Présidente. Mon crime s’il devait en exister un, c’est d’avoir crié pendant plus de 10 ans qu’il est immoral de vouloir accéder au pouvoir par la voie des armes. C’est pourquoi il vous plaira Madame la Présidente, de demander à l’accusation d’orienter ses enquêtes ailleurs et d’inscrire mon nom sur la liste des victimes de cette guerre.
51’57
Oui Madame, je suis une victime, sinon je ne serais pas ici quoique puissent en dire mes détracteurs.
« Il a l’art oratoire », c’est un défaut ? Y a des gens qui vont même à l’école pour apprendre l’art oratoire. Pourquoi vous voulez transformer les valeurs en quelque chose qui est mauvais ?
« Il est charismatique », Ca n’est pas un défaut ! C’est ce même charisme que j’ai utilisé là pour faire la caravane de la paix.
52’26
Madame la Présidente, je suis allé dans les mosquées, dans les églises. J’ai rassuré les Ivoiriens. Je suis allé prendre les rebelles à BOUAKE pour les ramener à ABIDJAN. Pourquoi le Procureur n’en parle pas ? Elle vous a montré 3 vidéos Madame. Ils ont fait exprès pour extraire les parties.
1ère vidéo qu’ils vous ont présentée : je vous cite la pièce de la vidéo Mme la Présidente : CIV-OTP0047-0604 qu’on vous a présentée tout à l’heure où j’étais en chemise rayée, où je disais continuez de résister. Mais ce que le Procureur n’a pas montré, c’est que dans cette vidéo, je disais et je cite : « Restez et priez dans vos maisons, dans vos quartiers partout où vous êtes. Fléchir les genoux est un devoir pour nous pour remercier Dieu, pour le glorifier, pour l’appeler au secours parce que nous les victimes, on nous fait passer pour les bourreaux. » Fin de citation. Quelqu’un qui a distribué des armes en pleine guerre, il ne demande pas à ses partisans d’aller prier. Il leur dit plutôt prenez les armes pour aller vous battre. Mais voilà Blé GOUDE curieusement qui demande à ses partisans de fléchir genoux et puis prier. Mais pourquoi le Procureur ne dit pas ça ? Je ne trouve pas ça honnête excusez-moi !
53’50
Deuxièmement, Madame la Présidente, elle vous a présenté une autre vidéo où je disais : « nous allons vous lancer le mot d’ordre bientôt, nous sortons d’une réunion » mais juste avant ça ce qu’elle n’a pas dit, c’est que j’ai dit : « évitons le piège de la guerre civile ». Pourquoi vous n’avez pas dit ça ? C’est dans la vidéo. Parce que vous voulez me faire passer pour un criminel.
54’15
Madame la Présidente, j’ai mal, je vous le dit sincèrement, pas de la manipulation comme on veut le faire croire, mais j’ai mal. J’ai tellement mal que je voudrais encore vous dire, le Procureur dit : « Blé GOUDE a dit : « vous êtes devant ; donc ne regardez pas derrière ». Dans cette salle, ça a été dit. Donc cela veut dire : « Ne vous occupez pas des crimes passés ». Ce n’est pas vrai Madame. Nous étions à un Rassemblement où les gens étaient nombreux. Donc j’ai voulu dire aux jeunes qui étaient là : « vous êtes tellement nombreux mais vous ne voyez pas derrière. C’est parce que vous ne pouvez pas voir derrière, sinon nous sommes très nombreux». A ABIDJAN on dit « à connaît pas à demander ». Demandez-moi je vais vous expliquer. Pourquoi vous vous compliquez la tâche comme ça pour aller chercher des attestations tout ça. Demandez-moi je vais vous dire. C’est pas la peine de raconter des choses comme ça.
55’15
Madame, moi je suis un homme convaincu de la force motrice de la mobilisation des masses et des vertus de la non violence. Pour moi Madame, celui qui accorde le pardon se débarrasse du fardeau encombrant de la haine. Je l’ai toujours dit. Je peux le dire avec force, peut-être avec des gestes forts : c’est ma nature. Mais cela ne veut pas dire que je suis violent. Ce que je dis, je le dis avec mon cœur. Je le dis avec mes gestes. Je le dis avec tout mon corps. Peut-être que c’est ça qui est la différence. Vous voyez… C’est ça, mais je ne suis pas le seul leader qui parle ainsi hein. Parce que je regarde la TV. Je vois comme les leaders aussi se…font les gestes.
56’
Madame, pardonner ça c’est le fondement de ma philosophie politique. Aller vers l’adversaire, la tolérance politique, la culture de la tolérance, la générosité politique, c’est pourquoi je partais vers eux. Monsieur Nick KAUFMAN l’a dit et il ne croyait pas si bien dire, Madame, j’ai fait campagne pour qu’on accepte les rebelles en CÔTE D’IVOIRE. Des gens m’insultaient pour ça mais je l’ai accepté. Je voulais vraiment vous le dire et moi je ne compte pas déroger à cette philosophie. On peut me condamner hein, mais moi je continuerai toujours de dire aux gens qu’on n’entre pas en politiques avec les armes, qu’on n’entre pas en politique avec les fusils. On entre en politique avec des idées, avec un projet de société. C’est ce qui est vrai. Alors Madame, moi je voudrais vous dire Madame la Présidente ce qui suit : toutes mes actions politiques ont été toujours guidées par un seul principe : ne jamais écrire mon nom du mauvais côté de l’Histoire pour ne pas léguer en héritage à ma progéniture et à mes proches un nom ensanglanté du sang innocent de mes concitoyens. Jamais je ne participerai à ça. C’est moi qui ai dit : « je ne veux pas participer à la rwandisation de la CÔTE D’IVOIRE ». Le Procureur n’a pas entendu ça non plus.
57’40
Madame la Présidente, le nom Blé GOUDE ne m’appartient plus. Ca appartient aux Ivoiriens. Ca appartient aux Africains. Alors j’ai toujours dit : « ce qui doit gâter mon nom doit avoir un nom ». « ce qui doit gâter mon nom doit avoir un nom ». Jamais je ne serai un criminel. Je peux être chaud, je parle avec vigueur, mais je ne suis pas un criminel. J’ai fait tout ce que je pouvais Madame pour éviter ce qui est arrivé à la CÖTE D’IVOIRE. Je suis allé voir le représentant spécial de l’ONU à la veille des élections pour lui dire : « Monsieur je vous demande pardon, ce que je vois, les partisans de OUATTARA sont en train d’incendier les résidences du Dr de campagne de GBAGBO à KORHOGO Monsieur Mamadou COULIBALY –vous pouvez aller vérifier sur Internet- Gervais COULIBALY, porte parole de GBAGBO, sa maison a été incendiée à KATIOLA. » Je suis allé voir le représentant spécial de l’ONU pour lui dire : « Il faut que GBAGBO, BEDIE et OUATTARA fasse une campagne pour désarmer les cœurs avant les élections. » Mais Madame, on ne m’a pas écouté. Parce que les gens voulaient le pouvoir à tout prix. En fait eux ils avaient déjà leur plan commun. C’est eux qui ont le plan commun, c’est pas nous !
"Ils ont la montre et nous avons le temps"
58’58
58’58
Madame la Présidente, je voudrais que, au nom de la balance que je vois ici sur tous les papiers à entête de la CPI, qui est le symbole de la Justice, de l’équité, Mme la Présidente, je vous serais reconnaissant de me laisser rentrer chez moi auprès des Ivoiriens pour construire et bâtir ensemble avec eux la réconciliation et la paix comme je l’avais déjà commencé et pour continué à dire à ceux qui n’ont pas encore compris qu’on entre pas en politique avec les armes, plutôt avec des idées et un projet de société. Madame, la prison, certes c’est dur. Ca peut même durer. Mais ça ne dure pas éternellement. Abraham LINCOLN n’a pas eu tort lui en disant : « pour une cause noble, on ne perd jamais son temps en prenant tout son temps ». Il disait aussi aux partisans de la vitesse que la vie ne se résume pas aux aiguilles d’une montre, mais plutôt à la qualité de nos actes pendant notre séjour bref et passager sur Terre. Pour dire que mes adversaires ont la montre, moi j’ai le temps. Et comme je refuse d’être la honte de ma génération Madame pour ce que je viens de vous dire, pour la non violence, pour la vérité, pour le dialogue, pour la paix, je porterai ma croix avec dignité et honneur. Et mon père BLE GNEPO Marcel à qui je rends hommage ici, que je n’ai pas eu la chance d’accompagner à sa dernière demeure, m’avait dit : « Mon fils, un fruit bien mûr ne pourrit jamais en l’air. Tiens bon, il finit toujours par tomber. » Pour dire qu’on peut peut-être me condamner aujourd’hui, mais un jour l’Histoire finira par m’acquitter.
60’51
Madame la Juge,
NON, je ne suis pas un antifrançais ;
NON, je ne suis pas chef de milice ;
NON, je ne suis pas le présumé assassin des Ressortissants du Nord et des Musulmans de mon pays ;
NON, je ne suis pas un partisan de la violence Madame ;
NON, je ne suis pas un génocidaire.
Madame, je souhaite qu’une seule chose : que le droit nous départage et qu’on empêche que la politique entre ici dans cette Cour pour ne pas que le droit sorte par la fenêtre. Madame, un jour je suis convaincu qu’il fera jour et que je rentrerai chez moi. Que Dieu bénisse l’Afrique et apporte la paix en CÔTE D’IVOIRE et partout dans le monde. Je fais confiance à la Justice internationale. Je vous remercie.
Lien vers des articles précédemment consacrés à Charles Blé GOUDE :
http://contrepoids-infos.blogspot.fr/2014/03/charles-ble-goude-devant-la-cpi-jai.html
http://contrepoids-infos.blogspot.fr/2012/12/memorandum-en-images-sur-la-cote-divoire.html
http://contrepoids-infos.blogspot.fr/2012/12/memorandum-en-images-sur-la-cote-divoire.html